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La sapiosexualité, vous connaissez ?




Si certains attribuent l’utilisation du terme sapiosexualité à l’émergence de la culture geek dans les médias, vous serez peut-être étonné d’apprendre qu’il s’agit d’une notion universelle qui nous concerne tous. Peu importe votre orientation sexuelle ou votre identité de genre, vous pourriez donc être sapiosexuel(le).

 

Afin de déterminer si vous avez ce profil, essayons d’abord de comprendre ce que cela signifie.

 

Une personne est dite « sapiosexuelle » si elle est attirée par l’intelligence qu’elle perçoit chez une autre personne. Elle peut, par exemple, admirer sa façon de parler, de penser, d’être créative, de réfléchir ou de voir le monde différemment. Une telle personne pourrait ainsi être séduite lors de conversations philosophiques ou intellectuellement stimulantes, ou encore par un sens de l’humour particulier qui la rejoint.

 

La sapiosexualité se définit en ce sens comme un type de sexualité qui consiste à être davantage attiré par le contenu de l’esprit d’une personne que par l’apparence de son corps. Pour se sentir sexuellement attirée par quelqu’un, une personne sapiosexuelle doit d’abord se sentir interpellée sur le plan mental.

 

La recherche d’un ou une partenaire : un choix déterminant

 

À la base, nous recherchons tous la satisfaction personnelle et avons le besoin d’être comblés. La plupart d’entre nous recherchons également un ou une partenaire avec qui entretenir, si possible, une relation à long terme.

 

Bien que la satisfaction éprouvée à l’égard de sa propre vie résulte d’une évaluation subjective et cognitive de toutes les dimensions de celle-ci (Diener et collab., 1985), il faut savoir que la valeur attribuée à un ou une partenaire prédit cette satisfaction à long terme, quel que soit le statut relationnel.

 

Les choix que les gens font lorsqu’ils sélectionnent des partenaires amoureux ou sexuels ont donc des conséquences importantes sur leur santé psychosociale et leur réussite évolutive.

 

Il n’est dès lors pas surprenant que ces choix aient fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques et que beaucoup de chercheurs se soient intéressés au sujet.

 

Or, ce qui ressort de leurs conclusions, c’est que pour les hommes comme pour les femmes, l’intelligence est une caractéristique très recherchée chez un partenaire à long terme (Buss, 1989 ; Jonason et Antoon, 2019).

 

Attirance physique et préférence psychologique

 

Pour la science, il ne fait aucun doute que l’attrait physique est extrêmement important dans le choix d’un partenaire (Regan et collab., 2000). Cela ne veut toutefois pas dire que les hommes (ou des femmes) ne veulent sortir qu’avec des mannequins de Victoria’s Secret ou que les femmes (ou des hommes) n’ont d’yeux que pour les acteurs célèbres tel Brad Pitt.

 

Certes, tous ont besoin que leurs normes minimales d’attractivité physique soient satisfaites pour s’engager dans une relation avec qui que ce soit (Jonason et Antoon, 2019 ; Jonason et collab., 2019 ; Li et Kenrick, 2006). Sans cela, aucune attirance sexuelle n’est possible et les gens suivront des chemins séparés ou resteront simplement des amis.

 

Mais une fois que ces normes minimales – appelons-les des critères physiques – sont satisfaites, il existe quantité de caractéristiques psychologiques (p. ex. le QI, le statut et le partage de valeurs communes) que les gens trouvent attrayantes (Li et collab., 2002). Et si certaines d’entre elles (p. ex. l’humour, l’agréabilité et la personnalité) sont pour bon nombre de personnes plus importantes que l’apparence physique (Regan et collab., 2000), c’est l’intelligence qui constitue le premier critère des sapiosexuels. 

 

Pour évaluer votre degré de sapiosexualité, il vous faut donc évaluer l’importance que vous accordez à l’intelligence de votre partenaire actuel ou futur.

 

Mais comment celle-ci se mesure-t-elle selon les experts de la psychométrie ?

 

La perception d’une compétence générale

 

Chez nos ancêtres, l’intelligence jouait probablement un rôle dans la chasse, la cueillette, l’orientation et la fabrication d’outils. Aujourd’hui, les compétences reconnues socialement concernent davantage la capacité à s’adapter à un monde changeant. Dans un tel contexte, l’intelligence d’un ou une partenaire offre des avantages distincts pour naviguer dans la vie moderne.

 

Ce qui séduit les sapiosexuels est en ce sens la perception d’une compétence générale.

 

Bien que l’intelligence soit un trait important évalué par la psychométrie (à titre d’indicateur de compétences générales), les préférences des individus sapiosexuels en matière de partenaires ne sont pas nécessairement axées uniquement sur celui-ci. La sélection des partenaires peut également s’appuyer sur des indices plus apparents de l’intelligence, tels que l’éducation, le revenu (ou la capacité de gain), le statut social, la créativité et le sens de l’humour (Miller, 2001).

 

C’est donc dire que l’intelligence, souvent cachée aux observateurs et chercheurs dans le domaine – pour qui il est de ce fait difficile de mesurer son importance ou de dresser des corrélations statistiques relativement au choix d’un ou une partenaire –, fait également partie intégrante de plusieurs sous-traits.

 

En effet, l’intelligence (le trait primaire) est étroitement liée à des traits de compétence secondaires, en corrélation positive avec l’éducation (Ganzach et collab., 2013), la profession et le revenu (Strenze, 2007), la créativité (Silva, 2008) et le sens de l’humour (Howrigan et MacDonald, 2008).

 

Cela laisse croire que tous ces traits peuvent être des indicateurs concurrents mais non colinéaires de la compétence, avec la possibilité que l’intelligence soit le trait le plus central du groupe. 

 

Il serait ainsi naturel de s’attendre à ce qu’un individu doté d’une intelligence supérieure atteigne et termine un niveau d’éducation plus élevé (en moyenne), ce qui lui conférerait un statut social et des revenus plus élevés (en moyenne). De fait, les études sur la préférence d’un partenaire pour son intelligence et son niveau d’éducation convergent vers des conclusions similaires (Jonason et Antoon, 2019 ; Jonason et collab., 2019), certains chercheurs combinant même l’éducation et l’intelligence dans une seule dimension (Fletcher et collab., 2018

 

En conclusion…

 

Le terme sapiosexualité est relativement nouveau et n’est pas sans susciter quelque controverse. Certains affirment qu’il ne s’agit pas d’une orientation légitime, mais d’un type d’attirance. Les personnes qui se décrivent comme sapiosexuelles suggèrent toutefois que l’intelligence est plus qu’une simple qualité qu’elles apprécient chez un ou une partenaire ; c’est le principal facteur de leur attirance sexuelle, au même titre qu’un beau corps ou un visage agréable a le potentiel d’en séduire d’autres.

 

Comme l’intelligence, la sapiosexualité ne connaît pas de limites ! Elle peut être le fait d’hommes, de femmes, de personnes trans, de personnes bisexuelles, etc. Puisqu’elle se base sur d’autres critères que les caractères physiques et sexuels, elle ouvre la porte à la découverte de personnes de divers groupes et donne au portrait que l’on se fait de notre attirance pour les autres une tout autre dimension.

 

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