L’empathie au travail : une compétence humaine et professionnelle
- Paul Goldman, éditeur
- il y a 1 jour
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L’empathie est la capacité de comprendre et de ressentir ce que vit autrui. Bien qu’elle soit universelle chez l’être humain, son intensité et sa forme varient d’une personne à l’autre. En milieu professionnel, elle est un facteur clé de communication, de leadership et de cohésion d’équipe.
Mieux comprendre ses formes, ses mécanismes et ses effets permet de la cultiver.
Qu’est-ce que l’empathie ?
L’empathie n’est pas qu’une qualité morale ou une gentillesse naturelle. C’est une compétence socio-émotionnelle complexe, qui mobilise à la fois nos émotions, notre intelligence sociale et nos fonctions cérébrales.Selon Anaïs Roux, auteure du balado et du livre Neurosapiens, l’empathie comporte deux dimensions complémentaires :
— L’empathie cognitive : comprendre ce que vit l’autre sans forcément l’éprouver soi-même.— L’empathie affective : ressentir ce que l’autre vit, en miroir, sans se confondre avec lui.Ces deux formes coexistent en chacun de nous, mais nous ne les utilisons pas toujours de manière équilibrée. Et c’est encore plus vrai dans un cadre professionnel.
Les deux visages de l’empathie en contexte professionnel
L’empathie cognitive : comprendre sans s’investir émotionnellementEssentielle dans les rôles de gestion, de supervision ou de prise de décisions, l’empathie cognitive permet :— de reconnaître les émotions des autres sans être submergé par celles-ci,— d’ajuster son comportement en fonction des besoins émotionnels identifiés,— d’agir avec tact, diplomatie et discernement.Elle est très présente chez les professionnels qui doivent garder une certaine distance émotionnelle : RH, intervenants, gestionnaires.L’empathie affective : ressentir les émotions de l’autreCette forme est indispensable pour bâtir des relations humaines solides et authentiques. Dans le monde du travail, elle contribue :— à favoriser l’écoute active,— à renforcer le sentiment d’appartenance et la confiance,— à humaniser les relations de travail, surtout en situation de stress ou de conflit.Mais attention : une surcharge empathique affective peut aussi entraîner de l’épuisement émotionnel ou une difficulté à poser des limites.
Ce que les neurosciences nous apprennent sur l’empathie
L’empathie repose sur des circuits cérébraux bien identifiés, notamment :— les neurones miroirs, qui s’activent lorsque nous voyons ou imaginons une autre personne vivre une émotion ou une situation ;— l’amygdale, qui aide à reconnaître des émotions comme la peur sur le visage d’autrui ;— le cortex préfrontal ventromédian, qui intervient dans la régulation et la mise en perspective ;— la jonction temporo-pariétale, impliquée dans le passage de notre point de vue à celui d’un autre.
Certaines personnes activent plus fortement ces circuits, ce qui explique pourquoi elles perçoivent mieux les signaux émotionnels et montrent davantage de comportements prosociaux — comme aider, collaborer, coopérer.
L’empathie : un levier de performance en entreprise
Dans les environnements de travail modernes, marqués par la collaboration, la diversité et la complexité, l’empathie devient une compétence stratégique :— elle améliore la communication et prévient les malentendus ;— elle renforce l’engagement des équipes ;— elle favorise le climat de confiance et diminue les tensions ;— elle rend les gestionnaires plus efficaces dans l’accompagnement et la motivation.De nombreuses recherches démontrent que les leaders empathiques sont perçus comme plus justes, plus inspirants et plus efficaces, notamment en contexte de transformation organisationnelle ou de gestion du changement.
Peut-on mesurer l’empathie ?
Oui, mais il faut apporter des nuances à cette réponse. Les tests psychométriques mesurent généralement le niveau perçu d’empathie (autoévaluation), sans distinguer formellement entre ses dimensions cognitive et affective. Ces mesures sont utiles pour mieux se connaître, mais ne remplacent pas l’observation ou le développement en situation réelle.
L’empathie est-elle innée ou acquise ?
Certaines composantes de l’empathie semblent liées à la biologie (génétique, fonctionnement cérébral). Toutefois, l’environnement, l’éducation et les expériences personnelles jouent un rôle central dans son développement.Bonne nouvelle : l’empathie se développe. Elle peut être renforcée par la formation, le coaching, la pratique de l’écoute active ou encore la rétroaction bienveillante.
Cultiver l’empathie, c’est miser sur l’intelligence relationnelle.
Dans un monde du travail de plus en plus centré sur la collaboration, l’empathie n’est plus une simple qualité humaine : c’est une compétence professionnelle clé. Qu’il s’agisse de prévenir les conflits, d’accompagner un collègue en difficulté ou de diriger avec bienveillance, elle est au cœur du lien humain — et du succès collectif.
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