L’anxiété sous toutes ses formes
L’anxiété vécue au quotidien est un sujet central de la psychologie clinique. Vivre trop peu d’anxiété ou, à l’inverse, beaucoup trop peut en effet s’avérer problématique.
L’anxiété est une émotion souvent ressentie comme désagréable qui correspond à l’anticipation plus ou moins consciente d’un danger ou d’un problème.
Les neuropsychologues la décrivent comme étant liée à « une impression subjective d’incapacité à faire face aux événements futurs, de préparation insuffisante et/ou d’inquiétude » (Barlow, 2002a; Miceli et Castelfranchi, 2005; Rapee et al., 1996).
Il s’agit en fait d’un phénomène normal, présent chez tous les individus. Il faut savoir que l’anxiété est nécessaire à la survie de l’humain, puisqu’elle lui permet de percevoir les dangers et d’agir en conséquence.
L’anxiété peut cependant prendre un caractère excessif et pathologique dans différentes situations. On parlera alors de troubles anxieux.
Comprendre ce qu’est l’anxiété
L’anxiété est parfois difficile à décrire pour la personne qui l’éprouve : ses contours sont souvent flous et ses manifestations, multiples.
S’il fallait expliquer ce qu’est l’anxiété, on pourrait malgré tout recourir à la formule suivante :
Anxiété = Incertitude × Motif
En d’autres mots, c’est le croisement de l’intensité de motifs internes (p. ex. les objectifs, les besoins et les projets d’une personne) et de l’intensité de l’incertitude inhérente à la maîtrise partielle qu’une personne a de son environnement qui produit chez elle de l’anxiété.
Il va de soi que plus l’enjeu est grand (p. ex. la réussite d’un examen ou l’obtention d’un emploi), plus une personne est susceptible de se sentir anxieuse. Au-delà des motifs qui l’amènent à éprouver de l’anxiété, il y a cependant l’incertitude qu’elle attribue à la situation vécue : plus les résultats sont incertains, plus grande est l’anxiété vécue.
Qu’ils soient positifs ou négatifs, les résultats incertains génèrent donc toujours de l’anxiété (Carleton, 2016). Ainsi, « 80 % de chances de gagner 50 $ » provoque moins d’anxiété que « 20 % de chances de gagner 0 $, en raison de la plus grande certitude que le phénomène se produise.
Sur le plan théorique, l’incertitude peut être divisée en deux construits : le risque (ou incertitude attendue), lié aux éléments de l’environnement non contrôlables, et l’ambiguïté (ou estimation d’incertitude), qui correspond au manque de connaissances et peut être réduite par l’obtention d’informations supplémentaires (Isoda et Noritake, 2013).
Une question de degré - en fréquence et en intensité
Comme mentionné en introduction, l’anxiété peut s’avérer un phénomène utile quand elle attire l’attention sur des dangers réels ou des situations à risque : le souci ou l’inquiétude sert alors à prendre des précautions pour éviter ces risques. Trop peu d’anxiété peut ainsi parfois mettre en danger.
Inversement, trop d’anxiété peut inhiber et épuiser le sujet. Lors d’une évaluation clinique, ce sont la fréquence et l’intensité de l’anxiété vécue par un individu qui fourniront une indication du degré d’anxiété vécu par cette personne.
Lorsque l’anxiété est vécue fréquemment et à une forte intensité, nous parlons d’un trouble anxieux.
Les sujets souffrant de troubles anxieux sont envahis par un sentiment d’inconfort ou de peur relatif à l’anticipation excessive d’éventuelles difficultés avant même que les problèmes ne soient survenus ou que le sujet ait repéré dans son environnement ce qu’il redoute.
C’est pourquoi les psychiatres parlent parfois de « peur sans objet ».
Des manifestations variées
Afin d’évaluer l’impact qu’a l’anxiété dans la vie d’un individu, les professionnels de la santé seront attentifs à ses différentes manifestations. Ils prendront ainsi en considération les effets qu’elle peut avoir sur les plans cognitif, affectif et physiologique.
Manifestation cognitive
L’anxiété se manifeste sur le plan de la cognition par un ruminement de pensées méditatives relatives aux enjeux qui se traduit par des difficultés de concentration et d’attention.
Manifestation affective
La tension vécue, la difficulté à se détendre et la fatigue éprouvée à la suite d’une anxiété perçue comme étant élevée sont quant à elles des effets d’ordre affectif.
Manifestation physiologique
Sur le plan physiologique, l’anxiété s’accompagne de signes physiques évidents de tension et de stress (p. ex. mains moites, mains tremblantes, battements de cœur irréguliers, essoufflement).
Lorsque ces effets observables se manifestent à une intensité modérée, ils n’ont rien de pathologique.
Un prochain texte abordera la question des troubles anxieux, beaucoup plus sérieux.
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